La lanterne d’Akklésia
Propos cavaliers

Fuir le jardin des expulsés

Aristote a dit « Il faut s’arrêter ». Il faut découvrir le monde, le comprendre, le décrire. Le monde est parfait ; il faut l’entretenir. C’est la mission de Jardinier de l’Éden.

Toutefois, et nous le lisons en Genèse 2 et 3, il se passe quelque chose en Éden ! Un esclandre cosmique au terme duquel le jardinier est expulsé du jardin avec sa compagne. Il ne faut donc pas s’attacher à la fonction de jardinier du monde donnée par — par qui d’ailleurs ? Donnée par « Le Donné », dirons-nous. Genèse 2 et 3 suggère qu’on ne peut se contenter du Donné, que le Donné est trouble, fourbe, fatal.

Certaines traditions font du retour en Éden l’aboutissement d’une vie, la destination d’une personne après sa mort. Mais après sa mort, l’homme ne retourne pas dans le jardin des origines ! Pourquoi donc le ferait-il ? Pour risquer de revivre la même chose ?

L’attaque du monstre

HEY ! Dans le « jardin merveilleux » aux fruits de toutes les couleurs, à la température ambiante parfaite, aux délices exquis nininana… il y a un putain de serpent !!! Il faut fuir ce lieu. Taïaut !

Qui voudrait vivre dans un lieu où un tel danger est susceptible de surgir à tout moment ? Pourquoi faire d’un tel lieu l’emblème et le parangon d’une vie merveilleuse dans le repos alors que c’est un lieu de toute évidence très mal fréquenté ?!

Le jardinier est le terreux, pas le ressuscité

Lorsque Marie de Magdala se rend au sépulcre du Christ elle tombe sur quelqu’un, « Je croyais que c’était le jardinier » dira-t-elle de lui. Non, ce n’était pas un homme aristotélicien ! C’était Le fuyard, Le fugitif : celui qui avait trouvé la porte de sortie. D’ailleurs il était lui-même la porte… et même le chemin… et même la vérité. Il semble même qu’il ait dit que les seuls capables de fuir seraient non ceux qui détiennent la vérité, mais ceux qui deviennent la vérité. Les jardiniers sont ceux qui cherchent la vérité afin de l’offrir au monde. Et ceux qui fuient sont ceux qui deviennent la vérité : n’est-ce pas là la différence entre les hommes et les dieux ?

Non, ce n’était pas le jardinier, même s’il en avait l’air au premier abord, car les hommes se ressemblent tous en allant à la mort. Après…

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